PARLEMENT EUROPÉEN

Publié le par CB


SCANDALE AU PARLEMENT EUROPÉEN

Mercredi 12 décembre à Strasbourg était signée en grande solennité la Charte des droits fondamentaux par les trois institutions de l’Union, le Parlement, le Conseil et la Commission. C’est le moment  qu’ont choisi fascistes, conservateurs anglais et certains communistes pour provoquer un scandale inouï dans cette enceinte.

Donc, les trois institutions signaient solennellement mercredi la Charte des droits fondamentaux, permettant ainsi au Conseil européen réuni le jeudi à Lisbonne de signer le Traité modificatif faisant référence à cette Charte en lui reconnaissant valeur constitutionnelle.

Jusqu’à présent, cette Charte, qui synthétise à peu près tout ce qu’il y a dans les différentes déclarations européennes de droits civiques et sociaux, n’avait que la valeur d’une déclaration intergouvernementale signée à Nice.

Sans problème, le président du Parlement européen prononce un petit discours, mais au moment où le président du Conseil, le Premier ministre portugais Socrates, s’apprête à prendre la parole, les souverainistes de l’UEN, l’extrême droite villiériste (Indépendance et démocratie) et le « non-groupe » des fascistes français, roumains  etc se lèvent en vociférant, avec des T-shirts noirs et des pancartes « Referendum ». On ne les avait pas vus aussi acharnés pour la démocratie directe lors de la signature et la ratification du traité de Nice ! Et comme en janvier 2005, une petite partie des « tories » conservateurs britanniques les plus réactionnaires se joint à eux.

Tories-et-extreme-droite-f0c8a-f92ba.jpg

"Tories" et extreme droite

Tout l’hémicycle les regarde, effaré : s’il est usuel de manifester silencieusement par des pancartes et des T-shirts, jamais personne n’avait osé perturber par des hurlements une cérémonie du Parlement. En 2005, la droite souverainiste manifestait en chantant L’Internationale et en criant « Union européenne égale Union soviétique », mais à l’extérieur de l’hémicycle.

C’est alors que, presque par hasard, certains tournent les yeux vers l’extrême gauche. Et horreur ! dans les rangs communistes (la GUE), des député-e-s déploient la même banderole, vétu-e-s des mêmes T-shirts !

C’est sans doute la première fois depuis l’Entre-deux guerres et les erreurs du Parti communiste allemand sous la République de Weimar (le KPD n’hésitait pas à manifester avec le parti nazi) que des fascistes et des communistes, non seulement font le même choix politique (ce qui arrive forcément même aux Verts), mais manifestent ensemble avec du matériel fabriqué en commun.

Commmunistes-en-chemises-noires-312b0-ddf63.jpg

Communistes en chemises noires

Prestement, la banderole disparaît des rangs communistes, mais évidemment pas les T-shirts. Je me précipite vers les travées de la GUE pour essayer de comprendre. Au passage, la fabiusienne Pervenche Berès me dit « Mais nous aussi, on est pour un référendum, mais c’est pour voter Oui ! » Le groupe communiste est en plein chaos. La communiste d’Allemagne de l’Est, Sylvia Kauffman, sanglote (de honte ? sûrement de mauvais souvenirs…) L’excellent communiste italien Agnoletti, à grand renfort de moulinets de bras, me dit « Mais ce n’est pas du tout la position de notre groupe ! c’est un coup des communistes portugais et de quelques scandinaves »…

Les trois présidents (du Parlement, du Conseil et de la Commission) signent sous les quolibets de l’extrême droite. L’Hymne à la joie de Beethoven (hymne européen pour quelques heures encore…) retentit. Tout le monde se met au garde à vous, y compris les communistes, pendant que les fascistes et autres souverainistes continuent leurs cris de singes. Nous apprendrons le lendemain qu’ils ont traité de nazis et molesté quelques huissiers qui essayaient de les calmer.

L’incident est suspendu par l’arrivée surréaliste du roi de Jordanie qui vient faire un très beau discours sur le conflit israélo-palestinien.

Aussitôt le roi parti, les présidents de groupe demandent la parole, condamnant très fermement l’attitude de l’extrême droite, mais aussi de l’UEN qui, en conférence des présidents de groupes, avait approuvé la signature solennelle de la Charte des Droits fondamentaux. Certains vont jusqu’à proposer des sanctions pour les perturbateurs. Heureusement, Dany, au nom des Verts, met un halte-là à ces pulsions répressives : « Une assemblée de 750 personnes a bien droit à un quota de 50 imbéciles, qu’il nous faut supporter. »

C’est alors que le président de la GUE, le communiste français Francis Wurtz, prend la parole d’un ton posé. Il a senti que son groupe explosait et a pris ses responsabilités : « Nous condamnons avec la plus grande fermeté cette manifestation anti-européenne, chauvine et indigne. Mon groupe est pour une ratification par un référendum, et a quelques doutes sur certains articles de la Charte. Mais il ne fait aucun doute que nous sommes pour une Europe fondée sur des valeurs. »

* Il est clair que ce Non ne porte pas principalement sur le statut de la Banque centrale ou tel ou tel détail du droit de la concurrence, mais bel et bien sur la Charte des Droits fondamentaux, avec ses avancées démocratiques, sociales, écologistes et féministes, comme fondement de l’Europe.

* Il est clair dorénavant qu’au niveau européen, ce référendum-Non est porté essentiellement par l’extrême droite et les conservateurs britanniques, et par une honteuse minorité des communistes.

Extrait tirés du blog d’Alain LIPIEZT député européen

Publié dans POLITIQUE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
D'accord avec Victor, et DCB « Une assemblée de 750 personnes a bien droit à un quota de 50 imbéciles, qu’il nous faut supporter. » ; attention à l'orthographe: "LIPIETZ".
Répondre
V
Une cinquantaine de personnes au Parlement Européen, des millions sur le territoire...<br /> <br /> La bête immonde est à l'oeuvre, elle n'a jamais cessé.<br /> <br /> Il faut faire avec, et ne pas donner plus d'importance qu'il n'en faut. Ce qui compte, c'est l'Europe en marche, celle des Peuples, et celle des Droits Fondamentaux.<br /> <br /> Nous sommes dans un période de Résistance. Alors, résistons !
Répondre